Allocution en l’honneur de Mr Georges Da Mota

Mesdames, Messieurs,

En prenant aujourd’hui l’initiative de vous rendre un nouvel hommage devant notre Assemblée Générale, je ne suis pas certaine cher monsieur Georges Mota que vous serez ravi de mon témoignage car, tout au long de votre vie, vous n’avez jamais cessé d’être une personne pudique et discrète aux services des autres. Je vous connais déjà depuis longtemps, et je peux témoigner que vous n’avez jamais fait de publicité sur vos engagements et sur votre personnalité. Le temps que vous avez consacré à notre Association, de même que l’engagement qui a été le vôtre auprès des anciens pupilles confrontées à la maladie, à la vieillesse et à la solitude, sont associés à un dévouement presque total et à une véritable modestie. Pour vous, « dévouement » et « publicité » ne font pas bon ménage, car pour vous l’engagement pour les autres et la solidarité envers les plus démunis ne sauraient répondre à des ambitions personnelles ni trahir de vulgaires calculs pour gagner la sympathie de vos semblables et les impressionner ! Sur ce point, madame Jocelyne Ralema que vous avez un jour sortie d’une « fâcheuse situation » et d’une noyade ne me contredira pas ! À cet égard, je suis heureuse de rappeler que vos principes comme vos valeurs ont été reconnus et salués par nos concitoyens.

En effet, en 1998, vous avez été décoré de la Médaille du Mérite de la ville de Paris. En 2007, vous avez reçu l’Étoile de la Reconnaissance Républicaine des Mérites Civiques et Militaires. En 2011, vous avez été nommé au Grade de Chevalier dans l’Ordre du Mérite au nom de l’initiative citoyenne et de votre engagement pour la France. Ainsi, avez-vous été reconnu à votre juste valeur, et si je devais m’attarder sur votre personnalité, vos engagements et les faits marquants de votre vie, je dirais que vous vous êtes toujours senti concerné par la vulnérabilité de vos semblables, et que le vivre-ensemble a occupé inlassablement vos pensées comme vos actions bénévoles et citoyennes.

Si j’ai souhaité aujourd’hui revenir sur votre parcours et votre personne, c’est aussi pour donner à nos jeunes membres de l’Association l’exemple d’un homme désintéressé, qui n’a jamais cessé de croire aux vertus de la solidarité entre les générations, aux vertus de la solidarité entre des personnes que le sort a souvent frappées dès lors plus tendre jeunesse. C’est donc principalement à l’intention de nos jeunes que je voudrais retracer brièvement votre vie et montrer en quel sens votre « biographie » peut donner de l’énergie à toutes celles et à tous ceux qui, parfois, doutent de la valeur de la vie, de leurs semblables et d’eux-mêmes.

Vous êtes né, cher Georges Mota, le 17 avril 1933 à Paris 13e ; à l’âge de deux ans, vous été admis, à la suite des problèmes de santé et l’hospitalisation de votre mère, dans les services de l’Aide sociale à l’Enfance. À 17 ans, vous êtes dans la Nièvre, et comme beaucoup de pupilles, vous allez travailler dans différentes fermes où vous avez laissé à chaque fois d’assez bons souvenirs à vos employeurs, et notamment à monsieur Léon Narquin, grand-père de madame Roselyne Bachelot. À 21 ans, vous vous êtes engagé sous les drapeaux français et vous avez été appelé notamment en Tunisie en 1954 où vous servirez votre pays jusqu’en 1956. C’est au cours de votre mission en Afrique du Nord que vous êtes tombé malade et ceci à plusieurs reprises ; plus grave encore, c’est dans l’accomplissement de votre devoir de miliaire que vous avez contracté le syndrome de Fiessinger Leroy-Riter (1978), syndrome aux multiples nuisances qui finiront par vous empêcher notamment d’écrire. La reconnaissance de syndrome et de vos droits auprès des pouvoirs publics vous obligera à mener un long combat du pot de fer contre le pot de terre ! Enfin, c’est en 1956 que vous êtes devenu membre de l’Association des Anciens Pupilles, et c’est en 1962 que vous avez obtenu naturellement la nationalité française.

À partir des années 1990, vous n’avez pas compté votre temps pour aller visiter chez elle ou dans leur maison de retraite nos anciens pupilles confrontés à la vieillesse, à la maladie et à la solitude. En bon pèlerin infatigable, vous avez apporté une aide à la fois matérielle et morale à nos adhérents vivant dans votre région. En mars 1995, vous avez fait dans votre commune (Decize) la connaissance de Jacky Dubois avec lequel vous avez noué une relation de solidarité et d’amitié quasi indestructible. À à cette date, vous avez alors été nommé correspondant pour la région de Decize des anciens pupilles, fonction que vous accomplirez jusqu’en 2006. Ceci dit, votre engagement citoyen et solidaire ne s’est jamais arrêté aux portes de notre Association. Ainsi, vous avez été un membre actif à la Croix Rouge où vous avez obtenu le brevet de secouriste. Par ailleurs, vous avez été un fidèle donneur de sang, et vous vous êtes investi corps et âme dans l’association des anciens combattants et pour la cause de vos frères d’armes. Président de l’A.R.A.C section Decize/St Léger des Vignes, vous avez été longtemps le porte-drapeau de ces soldats morts au champ d’honneur.

Toutes ces participations à la vie citoyenne que je viens brièvement d’énumérer prouvent que vous n’avez jamais ménagé vos forces et votre temps pour venir en aide à vos concitoyens dans le besoin. Et c’est encore dans l’adversité que vous donnez le meilleur de vous-même, en ce sens où vous avez mené des combats en faveur de la dignité de la personne trop souvent, hier comme aujourd’hui, contestée et bafouée. À cet égard, vos combats peuvent servir de modèle à toutes celles et à tous ceux qui, comme vous, n’ont pas voulu baisser les bras devant les injustices arbitraires auxquelles sont confrontés les plus fragiles d’entre nous.

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